Jean-Paul Gauzès nous a quitté le 13 septembre dernier. Sa disparition nous laisse sans voix, tant sa présence, sa voix chaude, sa façon inimitable de raconter des anecdotes, son immense culture juridique, économique, politique et littéraire et, last but not least, sa gentillesse et sa bienveillance, étaient un véritable bonheur.

Jean-Paul Gauzés a fait une étincelante carrière, sans être aucunement un carriériste. Il a toujours eu le souci d'être efficace et à la hauteur des missions qui lui ont été confiées ou qu'il a conquises par l'élection : avocat aux conseils, directeur juridique et fiscal de Dexia, maire de sa chère commune de Sainte-Agathe-d'Aliermont, en Seine-Maritime, conseiller régional de Haute-Normandie, député européen pendant dix ans, puis Président de l'EFRAG (European Financial Reporting Advisory Group), cette association toute-puissante qui fixe les normes du reporting financier en Europe, notamment dans le cadre de la transition énergétique. Dans toutes ces responsabilités, il a excellé, avec maestria et modestie à la fois.

 En 2011, Enrique Baron Crespo, ancien président du Parlement européen et président du groupe socialiste du Parlement européen, et président de l’Union des fédéralistes européens et Jean-Paul Gauzès

Son engagement européen (il parlait couramment allemand) et la façon dont il a rehaussé le prestige de la France comme député européen resteront des traits marquants de ce qu'il nous lègue. Coordinateur pour le Parti Populaire Européen en matière économique et financière, il a joué un rôle éminent pour faire avancer l'Europe monétaire et promouvoir l'économie européenne. Ses compétences et sa perspicacité lui permettaient d'avoir un jugement particulièrement sûr concernant les causes et les conséquences de la crise systémique bancaire de 2007 dont les incidences négatives pèsent encore sur l'Europe. Son influence législative a été considérable et a contribué à la sortie de crise.

Peter Westmacott, ambassadeur en France de Grande-Bretagne, Noëlle Lenoir, puis Daniel Tardy, président de la Fédération du Bâtiment, puis Jean-Paul Gauzès

Invité par trois fois du Cercle des Européens, le 26 février 2010 avec Georges Pauget, directeur général du Crédit Agricole, le 31 mars 2011 avec Andréas Schwab son collègue député européen allemand, coordinateur du PPE pour le marché intérieur, et le 28 octobre 2011 avec Pervenche Bérès, présidente de la Délégation socialiste française au Parlement européen et ancienne présidente de la commission des affaires sociales et de la Commission des affaires économiques. Les débats ont été passionnants à chaque fois, et à chaque fois les prédictions de Jean-Paul Gauzès se sont réalisées.

Je tiens à rendre hommage à Jean-Paul Gauzès au nom du Cercle des Européens et à lui dire toute notre admiration. Je pleure l'ami dont les conseils ont toujours été précieux et avec lequel il était si agréable de converser. Mon souvenir est vif de la petite cérémonie, en pleine pandémie, organisée avec son épouse Anne, en toute intimité et simplicité pour lui remettre au nom du Président de la République, les insignes d'Officier de la Légion d'honneur.

Jean-Paul Gauzès restera l’honneur de la France et de l’Europe.