Après plus de dix ans passés comme Chancelier de l’Echiquier de Tony Blair, Gordon Brown a pris en mains les destinées de son pays. Dans les capitales européennes, l’attente est mêlée d’inquiétude : quelle sera l’attitude du nouveau Premier ministre britannique face à l’intégration européenne ?
Très brillant ministre des Finances, il fut celui qui dit « non » à l’euro. « The Guardian » estimait, dans un récent article que les craintes de son eurosceptiscisme étaient justifiées : « Le Premier ministre Tony Blair a toujours choisi un haut diplomate du ministère des Affaires étrangères comme conseiller sur l’Europe. (...) M. Brown a retiré ce poste aux Affaires étrangères pour le donner à un haut-fonctionnaire du ministère des Finances, Jon Cunliffe. (...) Donner la charge de la politique européenne à un haut-fonctionnaire issu du département le plus anti-européen du gouvernement, et dont le CV inclus un rôle clé dans la campagne de Brown contre la monnaie unique, envoie un signal qu’il serait illogique d’ignorer. Il dit aux observateurs que le nouveau Premier ministre considère l’Europe comme "une question davantage économique que politique".
Toutefois, Gordon Brown se défend d’être eurosceptique. Il indique qu’il veut surtout mettre l’accent sur la réorientation du budget de la politique agricole commune (PAC) vers d’autres priorités européennes : la recherche, l’innovation et l’éducation. En 2005, il déclarait : « l’échec de la réforme du budget empêche les grands changements économiques dont nous avons besoin pour faire face aux défis compétitifs de la mondialisation ».
Cela dit, rien n’est jamais écrit à l’avance. Et en cette période très sensible de la construction européenne, il est possible que le nouvel occupant du 10 Downing Street contribue significativement à la consolidation de l’édifice européen. Réponse : notamment au moment de la ratification en 2008 du « traité réformateur » !