Acheminement de l’aide humanitaire européenne dans la capitale Port-au-Prince, dévastée par le séisme du 12 janvier 2010 © Communauté européenne.
Le mardi 12 janvier 2010, à 16h53 heure locale, un séisme de magnitude 7 sur l’échelle de Richter a frappé Haïti et dévasté la capitale Port-au-Prince. Face à la catastrophe naturelle la plus lourde en pertes humaines, l’UE a débloqué une aide de plus de 600 millions d’euros.
La catastrophe naturelle la plus lourde en pertes humaines
Le mardi 12 janvier 2010, à 16h53 heure locale, un séisme de magnitude 7 sur l’échelle de Richter frappait Haïti. Situé à seulement 15 kilomètres de l’épicentre, la capitale Port-au-Prince qui compte 2 millions d’habitants (sur 10 millions dans le pays) a été dévastée en une minute. Symboles d’une ville en ruine, le Palais national, résidence du Président de la République, ainsi que le siège de la Mission de l’ONU (MINUSTAH) ont eux aussi été totalement détruits. Les nombreuses répliques, dont celle du 20 janvier de magnitude 6, sont venues ajouter à la panique des habitants en menaçant de faire s’effondrer les derniers bâtiments encore debout. Dès les premiers jours le bilan humain s’annonçait dévastateur. Alors que la Croix rouge haïtienne évoquait, deux jours après la catastrophe, près de 50 000 victimes, le Premier ministre, Jean-Max Bellerive dénombrait quant à lui plus de 100 000 morts. Ce sont au final plus de 200 000 morts, 300 000 blessés et 1,3 millions de sans abris qui ont été décomptés, faisant du tremblement de terre en Haïti la catastrophe naturelle la plus lourde en pertes humaines de l’histoire.
Traversée par la faille entre la plaque caraïbe et la plaque nord-américaine, l’île d’Haïti est située dans une zone sismique. Mis à part des tremblements de terre qualifiés de modérés en 2009 (magnitude de 4), il faut remonter au XIXème et XVIIIème (1751 et 1771 dans la région de Port-au-Prince, 1842, 1887 et 1904 dans le Nord de l’île) pour trouver les derniers séismes de forte intensité. Aucun n’avait atteint la puissance ni causer autant de dégâts que celui du 12 janvier 2010 (à titre de comparaison les sismologues estiment qu’il a été 10 fois plus puissant que celui qui a frappé L’Aquila, en Italie, en avril 2009).
Vulnérabilité d’un des pays les plus pauvres du monde
Ce séisme s’ajoute à longue liste des catastrophes naturelles dont a été victime Haïti ces dernières années. Entre 2001 et 2007 on estime que les tempêtes tropicales, cyclones et inondations ont affecté plus de 6 millions de personnes (avec plus de 18 000 morts et 130 000 sans abris). En 2008, le passage de quatre cyclones tropicaux avait engendré d’énormes dégâts (évalués à 15% du PIB) et touché près 800 000 Haïtiens. La déforestation, l’urbanisation sauvage, la topographie de l’île, et le manque d’infrastructures ont rendu le pays particulièrement vulnérable. En 15 années l’assistance humanitaire d’urgence, fournie par l’Union européenne en réaction à ces crises, s’élève à plus de 80 millions d’euros. Les dégâts matériels et les pertes économiques liées au séisme du 12 janvier ont été chiffrés à 7,8 milliards de dollars, ce qui représente environ la totalité du PIB haïtien en 2009. Si l’on rapporte ce chiffre à la taille de l’économie, il s’agit de la catastrophe la plus coûteuse de l’histoire. Le séisme a non seulement touché la région la plus densément peuplée de l’île (caractérisée par une forte concentration de bidonvilles) mais également le cœur économique et administratif du pays. Les secteurs les plus concernés par les destructions ont été : le logement, les commerces, les transports, l’administration publique, l’éducation et la santé. L’ampleur de la catastrophe tient enfin à la situation économique et sociale d’un des pays les plus pauvres de la planète (149ème rang sur 182 dans le rapport 2009 du développement humain établi par le Programme de Nations Unies pour le développement (PNUD). 67% de la population vit avec moins de 2 dollars par jours. 22% de la population souffre de malnutrition.
Face à cette situation, l’Union européenne consacre une aide importante à Haïti dans le cadre de sa politique d’aide au développement et plus particulièrement de l’accord de partenariat avec les Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP – Accords de Cotonou). Bien que l’adhésion d’Haïti à l’accord de partenariat ACP-UE remonte à 1990, c’est véritablement à partir de 2004 que les relations avec l’Union européenne se sont développées. Jusqu’à cette date, qui marque l’installation de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH), les troubles politiques avaient empêché toute coopération efficace. Pour la période 2008-2013, ce sont ainsi 291 millions d’euros qui ont été accordés à Haïti, principalement pour le financement de projets d’infrastructures et de renforcement de l’Etat (Fond européen de développement). Par ailleurs, en 2009, 30 millions d’euros complémentaires ont été attribués au pays pour l’aider à combattre la crise économique et 26 autres millions sont programmés pour 2010 (mécanisme V-FLEX relatif à la vulnérabilité).
La mobilisation de la Communauté internationale
Face à l’ampleur de la catastrophe, considérée par Ban Ki-Moon, le Secrétaire général de l’ONU comme "la plus grave crise humanitaire depuis des décennies", la Communauté internationale s’est très vite mobilisée. Alors que quelques jours après le séisme, l’ONU avait reçu des promesses d’aide à hauteur de plus de 200 millions de dollars, le Secrétaire général adjoint pour les affaires humanitaires, John Holmes, annonçait l’intention de l’ONU de lancer un appel d’urgence à la Communauté internationale pour récolter 560 millions de dollars. Cet argent devait permettre de venir en aide à la population haïtienne pendant les six premiers mois, mais le coût de la reconstruction sur 3 ans s’élevait à 11,5 milliards de dollars. D’où l’appel du Directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn, à mettre en place d’"une sorte de plan Marshall" pour Haïti.
Situés à quelques centaines de kilomètres des côtés haïtiennes, les Etats-Unis ont été les premiers a envoyer sauveteurs et militaires (quelques 12 000 hommes en quelques jours). Bien que touchée par le séisme (pertes humaines, dont le chef de la Mission, et matérielles), la Mission des Nations Unies a été chargée de coordonner l’aide internationale. Outre les 11 000 hommes de la MINUSTAH, un renfort de 3 500 casques bleus a été envoyé sur décision du Conseil de sécurité afin d’acheminer et sécuriser les convois humanitaires.
L’aide de l’Union européenne
L’Union européenne a également été prompte à réagir. Après le déblocage d’une première aide financière d’urgence par la Commission européenne, le jour même du séisme, une réunion extraordinaire du Conseil des Affaires étrangères a été convoquée par Catherine Ashton, le 18 janvier, afin de coordonner les efforts financiers des 27 et préparer la reconstruction. Entrée en fonction le 1er décembre 2009, la nouvelle Haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité se trouvait là confrontée à sa première crise majeure. A la suite de cette réunion les ministres du Développement ont décidé d’activer le mécanisme communautaire de protection civile créé en 2007 afin de coordonner l’intervention des services de secours des Etats dans des cas d’urgence majeure. L’Union européenne a également envoyé un contingent de 300 gendarmes (fournis par la France, l’Italie, l’Espagne, le Portugal et les Pays-Bas).
Au total, l’aide humanitaire d’urgence apportée par l’Union européenne se chiffre à 309 millions d’euros (120 millions de la Commission et 189 millions des Etats membres), avec comme priorités : l’accès à la nourriture, à l’eau, aux soins et la construction d’abris. L’action européenne s’est également inscrite sur le long terme. 300 millions d’euros ont ainsi été affectés au rétablissement des structures de l’État et à la reconstruction du pays (dont une grande partie issue du Fond européen de développement).
Assumant les responsabilités liées à son rôle de premier pourvoyeur d’aide au développement au monde, l’Union européenne appelait enfin à la réunion d’une conférence internationale pour la reconstruction d’Haïti.