Le Cercle des Européens...
Pour une Europe réunie...
C’est avec détermination et conviction qu’elle a présenté les enjeux liés au développement des technologies de l’information et des télécommunications
Synthèse de son intervention
Dans sa présentation du contexte général dans lequel s’inscrit son action, Viviane Reding a insisté sur ce que représente pour les Européens l’avènement d’un monde globalisé. La concurrence ne provient pas réellement de l’Allemagne, de la Grande-Bretagne ou du Luxembourg, a-t-elle indiqué, mais bien davantage de la Chine ou de l’Inde. La seule bonne manière d’affronter cette compétition, "c’est de réussir l’Europe". Le marché intérieur est à la fois "un rempart face à la globalisation et un moteur pour que les entreprises européennes s’affirment comme leaders mondiaux". Car, pour Viviane Reding : "Réussir l’Europe, ce n’est pas proposer de bâtir des champions nationaux, mais bien des champions européens qui seuls offrent cette capacité de développement adaptée aux enjeux d’une économie globalisée".
Selon Viviane Reding, l’émergence de champions européens mondiaux passe par la réussite de l’intégration économique européenne qui suppose l’ouverture des marchés et la concurrence.
"l’Europe sera gagnante si elle peut s’appuyer sur un système éducatif performant et un investissement intelligent dans la recherche". L’ancienne Commissaire à l’Education a en effet rappelé que ces éléments étaient essentiels au bon fonctionnement de l’économie : "si je devais citer trois paramètres essentiels à la réussite économique de l’Europe, je dirais : l’éducation, l’éducation et l’éducation. L’éducation est la base de tout".
Pour Viviane Reding, le développement économique de l’Europe est conditionné par les TIC, dont la part dans la croissance de nos pays représente déjà 25%. L’obstacle majeur à l’essor de ces technologies réside dans le fait que 80% des industries technologiques, principaux leviers de ce développement, exercent des métiers en dehors des secteurs technologiques. Il manque en outre plus de 300 000 ingénieurs techniciens en Europe. Faire de l’UE une économie fondée sur les TIC nécessite donc un effort particulier dans l’éducation et la recherche. Les industries de pointe se développant avant tout autour de pôles d’excellence, "quand la recherche se délocalise, c’est toute l’industrie qui se délocalise ensuite".
"Il faut faire ce que l’Europe sait faire" et inciter les Européens "à mettre en commun leurs ressources". C’est pourquoi Viviane Reding rappelle qu’elle s’est attachée à créer des plateformes technologiques dans des secteurs clés comme les nanotechnologies, la robotique ou encore les satellites. Grâce aux efforts conjugués des États, de l’Europe et des industries, ces plateformes – 9 aujourd’hui - permettent de rassembler des entreprises de taille différentes et de les faire travailler avec des centres de recherches. Il s’agit également de nouer des partenariats entre le public et le privé. Selon Viviane Reding, "l’Europe ne doit pas être centralisatrice, mais doit jouer le rôle de catalyseur". Le domaine de l’informatique embarqué, illustre la réussite de cette méthode. L’informatique embarquée, dans laquelle plus de 25 milliards d’euros ont été investis, est en effet présente dans des secteurs économiques stratégiques, à raison de 37% du secteur des télécoms, 33% de l’équipement médical ou encore 20% de la valeur d’une voiture. Cette méthode démontre également selon Viviane Reding que l’Europe doit réfléchir à une stratégie d’investissement dans la recherche. D’une part il faut investir dans des domaines où l’Europe peut être leader, comme c’est le cas pour l’informatique embarquée, d’autre part il faut "investir intelligemment : L’investissement ne signifie pas nécessairement davantage d’argent, mais avant tout une utilisation efficace des moyens existants". Il faut avant tout mutualiser les ressources pour permettre à l’Europe de lutter contre les délocalisations et de se positionner en leader dans certains secteurs.
L’Europe est le continent qui a le plus fort taux de pénétration de réseaux sans fil pour les téléphones mobiles. "Les Européens veulent être mobiles ! La politique doit suivre". La proposition de révision de la réglementation des télécommunications et de l’Internet que Viviane Reding a mis sur la table en novembre 2007 s’inscrit dans cette politique de développement des réseaux. Les réseaux à large bande, "broadband network" amorcent "le futur du développement économique". Leur impact est considérable sur la société car les services offerts par ces réseaux à larges bandes permettent de rapprocher les gens. C’est par exemple un formidable outil de transformation des sociétés rurales.
"Le développement des réseaux, c’est aussi le développement de la capacité industrielle". Viviane Reding mène sur ce front une politique « volontariste » qui lui a déjà permis d’obtenir des résultats en matière d’amélioration des performances des industries. L’objectif de la Commissaire est avant tout de réduire les écarts de performance et donc concentrer son action sur le développement des industries les moins performantes.
Enfin, Viviane Reding a évoqué la question des fréquences : "pour réussir le sans fil, l’Europe à besoin d’une réforme des ondes radio". Citant une étude britannique démontrant que l’utilisation des fréquences existantes en Europe permettrait d’accroître de 25% les capacités industrielles, Viviane Reding a insisté sur la nécessité d’une utilisation plus efficace des ces fréquences, tout en évoquant le passage de la télévision numérique à la télévision analogique. Ce changement va permettre de dégager une quantité importante de fréquences, ce qui est "une chance à saisir pour l’Europe". Or "je me fais du soucis" a-t-elle poursuivi car "l’Europe n’est pas au rendez vous". Tandis que les Etats-Unis, l’Asie et même l’Afrique ont négocié l’utilisation de ces nouvelles fréquences pour 2008, l’Union européenne ne les utilisera qu’en 2015, ce qui signifie que nos concurrents vont utiliser les capacités industrielles que leur donnent ces nouvelles fréquences et développer leurs industries au détriment des nôtres. « Si l’Europe ne fait rien dès maintenant, il sera trop tard. Or notre continent doit exporter vers l’extérieur pour ne pas dépendre des autres »
Objectif prioritaire pour Viviane Reding, la "refonte du marché des télécoms" doit conduire à créer un véritable marché sans frontières ouvert à la concurrence. Le marché des télécoms reste trop souvent en effet entravé par des barrières de toutes sortes érigées par les Etats. d’où la nécessité d’autorités de régulation. Le secteur des télécommunications était entre les mains de monopoles nationaux. L’introduction de la concurrence a nécessité la mise en place d’une régulation organisée et mise en œuvre par des régulateurs nationaux. Il est possible que ces derniers n’aient pas vocation à être permanents, mais tant que les marchés ne fonctionneront pas normalement, c’est-à-dire sans entraves à la concurrence, ils resteront indispensables. Madame Reding a souligné à ce propos qu’à sa propre initiative et en dépit des réticences de certains régulateurs nationaux, 11 marchés réglementés avaient été supprimés en Europe. Il faut actuellement encourager les industries à réaliser des investissements transfrontaliers grâce à des marchés ouverts tout en dotant l’Europe d’une nouvelle autorité européenne de régulation de ces marchés. Il ne s’agira pas d’un "régulateur européen central", comme a pu le laisser entendre la presse. Il n’est pas question de remplacer les 27 autorités nationales de régulation, mais tout simplement de favoriser leur coopération, en leur apportant complémentarité et soutien. Par rapport au groupe des régulateurs nationaux (ERG, groupe qui réunit les autorités en matière de télécommunications des 27 Etats membres), la nouvelle future entité devrait en particulier "amener ces régulateurs à faire preuve de plus d’indépendance" vis-à-vis de leurs dirigeants nationaux et "à sortir de leurs microcosmes" pour s’inscrire dans une logique transfrontalière. La sécurité est un autre aspect fondamental du projet porté par Viviane Reding. Face aux menaces d’attaques contre l’Europe, la sécurité des réseaux de communication est en effet capitale et l’autorité européenne de régulation aura pour mission de mieux protéger l’Europe.
"Je ne crois pas à la technologie pour la technologie. La technologie est un outil pour amener des contenus et des services" : à cet égard, Viviane Reding a rappelé, à propos de la téléphonie mobile, que les Européens avaient su s’imposer face aux Etats-Unis en créant un standard commun, le GSM. La Commissaire a indiqué qu’elle est à présent engagée dans une autre bataille, celle des images, des films, c’est à dire des contenus (data) sur les supports mobiles. Face à l’incapacité des industries à s’entendre sur un standard commun pour la diffusion de contenus sur les téléphones portables, elle fera inscrire à la mi mars la norme DVB-H (Diffusion Vidéo Numérique - Portable) sur la liste des normes de l’UE publiée au Journal officiel de l’Union européenne.
Toujours dans le secteur des Télécoms, Madame Reding a annoncé qu’une baisse substantielle des tarifs sur les SMS et les contenus serait exigée par la Commission des opérateurs téléphoniques pour juillet 2008. En effet, selon Viviane Reding, ce sont les tarifs qui représentent le principal obstacle à l’utilisation massive de ces nouvelles technologies. Suite à la réussite de la baisse des frais d’itinérance sur les appels téléphoniques (« roaming »,) ce même principe de réduction des tarifs sera appliqué à la télévision mobile afin de la rendre plus accessible aux consommateurs européens.
Evoquant la formidable moisson du cinéma européen lors du dernier palmarès des Oscars 2008 (l’Oscar du meilleur film étranger a été attribué, pour le troisième fois consécutive à un film européen, cette année au film, Les Faussaires), Viviane Reding a rappelé qu’il s’agissait là des fruits de la politique européenne de soutien aux films, dans le cadre du programme MEDIA. Elle a également annoncé non sans fierté l’inauguration en octobre 2008, du portail Internet commun des bibliothèques européennes.
Sa conclusion : "l’Europe ne gagnera que si nous gagnons ensemble !".
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