Le Président du Parlement tibétain en exil, Karama Chopel, invité au Parlement européen, s’y est exprimé sur la situation au Tibet et les atteintes au respect des droits de l’homme. A ses côtés, les députés européens, Marco Cappato (ADLE, IT) et Marco PANNELLA (ALDE, IT) ©Parlement européen
Le 26 mars 2006, Karama Chopel, Président du Parlement tibétain en exil était en visite au Parlement européen à Bruxelles, sur invitation de la Commission des Affaires étrangères, présidée par Jacek Saryusz-Wolski (PPE-DE, PL). Lors de cette visite Karama Chopel a notamment été reçu par le député italien, Marco Cappato, membre de la Commission des Affaires étrangères et auteur du rapport annuel 2007 sur les droits de l’homme dans le monde (publié le 2 avril 2008.) A l’approche des Jeux Olympiques de Pékin, ce rapport concentre son attention sur les violations des droits de l’homme en Chine. Commentant ce rapport Marco Cappato a souligné que : "Quand on parle de liberté pour les Tibétains, on parle de liberté pour tous les Chinois".
Dans son discours devant les députés européens, Karama Chopel a présenté une série de demandes visant à mobiliser les Européens et la communauté internationale toute entière en faveur du respect des droits des tibétains. Depuis le début mars 2008, d’importantes manifestations anti-chinoises se sont déroulées au Tibet, entraînant une violente répression de la part des autorités chinoises. A 5 mois des Jeux Olympiques de Pékin, ces événements ont eu un grand retentissement et suscité beaucoup d’émotion dans les démocraties occidentales.
Les députés européens ont adopté une résolution, le 10 avril 2008, sur la situation au Tibet, qui condamne "la répression brutale des manifestants tibétains par les forces de sécurité chinoises" Cette résolution a recueilli 580 voix avec seulement 24 voix contre et 45 abstentions. Dans cette résolution, le Parlement européen appelle la Chine à respecter les engagements pris en matière de droits de l’homme au moment du choix de Pekin comme ville d’accueil des JO, et en particulier à respecter la liberté d’expression en ouvrant l’accès au Tibet aux médias et aux diplomates étrangers ainsi qu’aux représentants de l’Union. Suite aux premières manifestations, Pékin avait en effet fait évacuer du Tibet tous les étrangers et en particulier les journalistes.
Le Parlement européen a également affirmé son soutien au Dalaï Lama dans ses revendications d’autonomie culturelle, politique et religieuse du Tibet. Le Président du Parlement Hans-Gert Pöttering a déclaré : "Nous ne pouvons permettre que le Dalaï Lama soit lié au terrorisme ou démonisé", appelant les autorités chinoises à "négocier avec le Dalaï Lama et, tout en respectant l’intégrité territoriale de la Chine afin d’atteindre un consensus qui respecte et garantisse l’identité culturelle et religieuse du peuple tibétain".
Dans le cadre de cette résolution, les députés ont exprimé le souhait d’une position européenne commune quant à la participation des dirigeants de l’UE à la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques en août. Ils se sont prononcés pour un boycott de cette cérémonie, à moins que la Chine n’accepte d’entamer des discussions avec le Dalaï Lama. Faisant mouvement vers ce qu’ils veulent faire apparaître comme un début de dialogue, les dirigeants chinois ne sont pas demeurés totalement insensibles à cet appel, conscients de l’enjeu en termes d’image dans le cadre de JO retransmis sur toutes les chaînes de télévision mondiales. Les Etats européens n’en apparaissent pas moins divisés sur cette question. Tandis que certains chef d’Etats ont d’ores et déjà affirmé leur intention de ne pas se rendre à la cérémonie d’ouverture de JO (La Chancelière allemande et le Premier ministre britannique), la question du rôle de l’Union européenne en matière de droits de l’homme et de sa capacité à parler d’une seule voix sur la scène internationale reste posée. La France qui assurera la présidence de l’Union au moment des JO de Pékin aura un rôle important à jouer pour assurer la cohérence de l’action européenne.