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L’intervention russe en Syrie a-t-elle un effet sur le marché bousier ?
Si l’intervention officielle russe en Syrie est un événement géopolitique important, elle a en revanche peu d’impact sur les marchés financiers. Les investisseurs sont actuellement préoccupés par les conséquences du ralentissement économique chinois sur la croissance mondiale et par l’orientation de la politique monétaire américaine. Cette intervention pourrait avoir un impact boursier si nous assistions à un dérapage militaire direct entre grandes puissances : l’aversion au risque des investisseurs subirait alors immédiatement une poussée défavorable aux indices boursiers…
Pour vous, Vladimir Poutine est un excellent tacticien mais un piètre stratège. Vous pouvez nous expliquer ?
Excellent tacticien, Poutine positionne la Russie au centre de toutes tentatives de résolution de la crise syrienne et devient un acteur incontournable. Alors que son allié alaouite était dans une dynamique négative, il lui évite une défaite qui aurait été préjudiciable à la Russie en la privant de son unique allié stratégique au Moyen-Orient (car l’alliance avec l’Iran est purement opportuniste et locale). Poutine se paie même le luxe de renforcer son image de décideur auprès de ses partisans, de raviver l’orgueil de grande puissance de la Russie et ce, en contraste, avec ce qui est perçu comme des atermoiements de la politique américaine dans cette région !
Piètre stratège, Poutine l’est en prenant "faits et causes" pour les Chiites qui demeurent minoritaires au sein de la Communauté musulmane mondiale. Non seulement, il accentue le schisme entre les deux branches majeures du monde musulman et renforce cette opposition frontale préjudiciable in-fine à ses propres intérêts ! Rappelons en effet que Poutine s’expose à un risque domestique non négligeable alors que les 20 millions de musulmans russes sont sunnites...
Au regard des difficultés économiques actuelles de la Russie, Poutine escompte nécessairement une résolution rapide du conflit puisque son pays n'a pas les ressources économiques et financières pour endurer un effort durable dans le temps. L’hypothèse d’une « guerre de trente ans » musulmane réduirait à néant le pari Poutinien…
Quelle doit être l’attitude des pays occidentaux ?
En parallèle à une puissance russe résolue, les pays occidentaux doivent prendre leur responsabilité. Depuis 4 ans, ceux-ci n'ont pas été brillants sur le dossier syrien. La France est peut-être la moins critiquable des grandes nations au regard de ses intentions, mais elle est bridée par son statut de puissance moyenne. Les USA, eux, doivent s'extraire de leur torpeur, tétanisés par le bilan négatif des actions menées lors du mandat Bush Jr et par l'engagement politique de B Obama de sortir les "boys" des guêpiers moyen-orientaux. S'il est probable que l'intervention russe ne va qu'accentuer l'intensité du conflit syrien, pour éviter un désastre géostratégique il est urgent que l'administration américaine incite désormais fermement ses alliés sunnites à envisager une résolution du conflit autrement que par l'emploi exclusif de la force brute dont l'issue en leur faveur est désormais rendue caduque par l'intervention russe ! A maints égards, Daech est la conséquence d’une double inaction, militaire mais aussi diplomatique...
Propos receuillis par Julien Miro
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