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Après avoir rejeté le traité de Lisbonne à 53,4% des voix en juin 2008, les Irlandais l’ont approuvé à une écrasante majorité de 67,1 % lors du second référendum du 2 octobre 2009. En quoi la crise profonde que traverse l’Irlande a pu jouer en faveur d’un tel revirement ?
Le 2 octobre dernier, les Irlandais se sont exprimés démocratiquement. Ils ont approuvé le Traité de Lisbonne à une large majorité en dépit des difficultés causées par une baisse sévère de l’économie, un facteur important qui pouvaient risquer de détourner leur attention et les empêcher de se concentrer sur la teneur et la signification du Traité de Lisbonne. Le fait qu’un vote en faveur du "oui" ait été obtenu dans de telles circonstances souligne bien l’engagement des Irlandais au sein de l’Union européenne, ainsi que la détermination du gouvernement à maintenir l’Irlande au cœur même de l’Union européenne.
La création de garanties légalement contraignantes ainsi que de nouvelles dispositions sur la composition de la Commission, obtenues lors du Conseil européen de juin 2009, ont permis ainsi aux défenseurs du "oui" d’expliquer inlassablement le Traité aux électeurs et aussi leur démontrer que leurs craintes de l’année dernière n’étaient plus fondées parce qu’elles avaient bien été prises en considération.
Ce résultat est l’aboutissement d’un effort collectif qui a regroupé les principaux partis de l’opposition, les syndicats, le patronat, ainsi qu’une grande partie de la société civile toutes générations confondues.
Quelles leçons ont été tirées par le gouvernement irlandais et les partisans du traité suite au retentissement du "non" de juin 2008 ?
A mon avis, la campagne nous a enseigné plusieurs leçons. Nous savons qu’il faut que nous nous engagions davantage dans la discussion avec nos citoyens en ce qui concerne les questions européennes. Il faut que nous prenions le temps de communiquer et d’expliquer les politiques qui sont par leur nature souvent inexorablement complexes. L’époque des formations rapides sur l’Union européenne est révolue et, en dépit du résultat du referendum, il nous faut maintenir nos efforts pour faire connaître l’Europe d’une manière efficace. Nous vivons à l’ère de l’information, et les peuples exigent et méritent une information claire et accessible sur ce qui est fait en leur nom au Conseil des ministres, au Parlement européen et à la Commission.
Les garanties juridiques obtenues par le gouvernement irlandais lors du Conseil européen de juin étaient-elles selon vous essentielles pour convaincre les Irlandais de se prononcer en faveur du traité ?
A la suite du référendum de l’an dernier, nous avons pris le temps d’analyser le résultat de ce vote afin de comprendre parfaitement la décision du peuple. Les garanties légalement contraignantes introduites par le gouvernement en juin sur la fiscalité, les questions d’ordre éthique et notre politique de neutralité militaire, ainsi que le nouvel engagement sur le Commissaire et la Déclaration solennelle des Droits des travailleurs, ont eu, à mon avis, une importance cruciale sur le résultat.
Certains jugent que les concessions faites à l’Irlande concernant la souveraineté en matière fiscale et le maintien de son commissaire (un par Etat membre) vont à l’inverse de l’intégration européenne. Que leur répondez-vous ?
Concernant la fiscalité, je voudrais préciser qu’il ne s’agit pas d’une concession. Il s’agit d’une réaffirmation qu’aucune provision du Traité de Lisbonne ne changera la situation actuelle par laquelle les pays membres gardent leur compétence nationale en matière fiscale. Je voudrais rappeler que le texte du Traité n’a pas été changé pour faciliter un nouveau référendum irlandais. De la même manière, s’agissant du maintien d’un commissaire par Etat membre, ceci avait été défini lors du Conseil européen de décembre 2008 et réaffirmé en juin 2009.
Je ne dirais pas que l’ensemble des mesures qui a été approuvé par le Conseil européen en juin 2009 pour répondre aux attentes irlandaises va dans le sens contraire de l’intégration européenne. A l’inverse, l’Union travaille au mieux lorsqu’elle écoute et qu’elle répond aux inquiétudes de chacun de ses Etats-membres. Nous sommes reconnaissants à nos partenaires européens d’avoir répondu à nos inquiétudes de manière positive et constructive.
L’omniprésence de la question de la ratification du traité de Lisbonne depuis plus d’un an et les deux campagnes référendaires qui ont eu lieu ont-elles selon vous contribué à faire évoluer la connaissance et les perceptions des Irlandais vis-à-vis de l’Europe ?
Sans aucun doute, il est exact que la campagne a été particulièrement active et on peut souligner que tous les représentants de la société y ont été associés. L’information était bien présente ce qui a donné lieu à des débats vifs et constructifs.
Si l’on considère l’échec du premier référendum sur le traité de Nice en juin 2001, puis celui de 2008 sur le traité de Lisbonne, peut-on en conclure à une certaine réticence des Irlandais à approfondir l’intégration européenne et à concéder davantage de souveraineté ?
Non. Il a été clair, durant toute la campagne, que l’Europe est un sujet important pour les Irlandais. Malheureusement, plusieurs de nos citoyens véritablement pro-européens ont été trompés par les réclamations dénuées de tout scrupule au sujet du Traité et de l’Union européenne, qui n’avaient aucun lien de ressemblance avec l’Union de soutien mutuel et de solidarité que nous avons connue pendant les 36 années de notre adhésion. On est sûr que l’Union pourra, ces prochaines années, apaiser les craintes qui pourraient subsister.
Des deux côtés du débat, en Irlande aussi bien qu’à travers toute l’Europe, se trouvent des personnes qui ont des réelles inquiétudes au sujet de la direction que va prendre l’Union européenne à l’avenir. Il nous semble que les gouvernements nationaux et les institutions européennes doivent continuer à leur prêter une attention nécessaire alors que nous poursuivrons les objectifs prévus par le Traité de Lisbonne.
Comment voyez-vous l’avenir de l’Irlande dans l’Union européenne ?
Notre attachement à l’Europe n’a jamais été remis en question. Mais à ceux qui auront pu avoir des doutes pendant ces derniers 18 mois, on peut désormais assurer que cette période d’incertitude est dépassée. Nous avons tourné la page et nous aspirons à une nouvelle époque en ce qui concerne l’engagement de l’Irlande au sein de l’Europe, un engagement qui s’appuiera sur nos forces et qui garantira notre contribution, de manière significative, à tout ce qui touche à l’évolution future de l’Union. Ce sera bon pour l’Irlande et ce sera bon pour l’Europe.
Nous faisons partie intégrante de l’Europe et l’Europe fait partie de ce que nous sommes en tant que nation dynamique et ouverte sur l’avenir, une nation qui connaît la valeur du travail en collaboration avec des pays semblables afin de faire face aux multiples défis qui nous font également front et de permettre le développement des valeurs et des intérêts qui nous unissent.
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