Le Cercle des Européens...
Pour une Europe réunie...
En juillet 2009, 4 Etats membres de l’UE (Autriche, Bulgarie, Hongrie, Roumanie) ont signé un accord important avec la Turquie pour la réalisation du projet Nabucco qui, fortement soutenu par la Commission européen, pourrait voir le jour en 2014. Parallèlement, la Russie cherche à accélérer les projets de gazoducs concurrents avec South Stream (reliant la Russie au sud de l’Europe via la mer Noire) et le Nord Stream (passant en Mer Baltique), impliquant tout deux des sociétés et des États européens.
La crise du gaz (entre la Russie et l’Ukraine du 1er au 20 janvier 2009) a relancé le débat sur le projet de gazoduc "Nabucco", qui permettrait à l’UE de réduire sa dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie et dont la construction du tronçon Ankara-Vienne pourrait débuter en 2011. Malgré l’appui de la Commission qui a placé ce projet au centre de sa stratégie énergétique (présentée en novembre 2008) , les divergences entre Etats membres et les incertitudes quant à son financement ont longtemps compromis ce projet. En quoi consiste-t-il et comment expliquer les réticences ou les obstacles qu’il soulève ?
Historiquement, le projet Nabucco a été conçu comme un moyen de contourner la contrainte logistique et géopolitique qui rend l’Europe centrale et occidentale dépendante du système de gazoducs russes. Rappelons que la fourniture gazière de la Russie à l’Union européenne s’élève environ à 25% de la demande européenne et que le marché européen est aujourd’hui le principal débouché pour le gaz russe. Les infrastructures de gazoducs ont un tracé qui découle de cet état de fait logistique, industriel et contractuel : les champs de gaz qui approvisionnent l’Europe sont situés en Sibérie occidentale, tous les gazoducs vont de Russie vers l’Europe occidentale. Pour décrire le système de gazoducs on utilise souvent la métaphore des cinq doigts d’une main russe tendue vers l’Europe. Il y a en effet trois grands gazoducs historiques et deux autres en construction : le North European Gas Pipeline (NEGP) appelé "Nord Stream" - avec à sa tête Gerhardt Schröder - passant sur les fonds de la Baltique avec un point d’atterrage en Pologne pour alimenter le Nord de l’Europe ; et le gazoduc "South Stream" qui passe quant à lui par le Sud de l’Europe (Bulgarie, Serbie, Italie…).
Nabucco est avant tout un projet dont la justification est géopolitique. Il est historiquement né des projets des sociétés gazières d’Europe centrale et orientale (hongroise, tchèque, bulgare, allemandes,…) dont la pente stratégique était de se défaire de la main mise russe sur leurs économies via les approvisionnements énergétiques. Il s’agissait donc de concevoir une infrastructure d’expédition gazière à destination de l’Europe orientale, centrale et occidentale, sans passer par le système logistique russe. Le tracé de Nabucco a été un exercice relativement subtil car il fallait en même temps renoncer à la manne gazière de la Russie.
D’autre part, les différentes administrations américaines, qui ont très ouvertement soutenu Nabucco face aux solutions alternatives russes, voulaient à tout prix éviter que ce projet soit un tapis rouge pour l’Iran. Il fallait donc que les ressources gazières ne soient ni russes, ni iraniennes. Le projet Nabucco devenait donc un exercice difficile : contourner la domination russe, éviter de faire le jeu de l’Iran et se passer du gaz des deux…Les concepteurs du projet ont ainsi pensé pouvoir adosser Nabucco au seul gaz de la mer Caspienne, du Kazakhstan, du Turkménistan de l’Ouzbékistan et surtout d’Azerbaïdjan.
Tel qu’il est actuellement établi, le tracé de Nabucco partirait donc d’Azerbaïdjan, éviterait le système et le territoire russe, passerait par la Géorgie, puis la Turquie par le plateau d’Anatolie pour ensuite franchir la mer de Marmara afin de se connecter sur le système bulgare puis roumain et d’arriver au grand nœud de gazoducs de Baumgarten, situé à quelques kilomètres de Vienne. Parmi les actionnaires de Nabucco ont trouve à peu près toute la profession gazière de la "Mittel Europa" danubienne : les hongrois, l’autrichien OMV, la compagnie turque, les bulgares, les roumains. Gaz de France-Suez faisait initialement partie du projet, s’est ensuite retiré (à moins qu’un différend franco-turc l’en ait retiré… !), et pourrait maintenant y revenir.
La demande en "gaz Nabucco" est bien réelle. L’Europe a une production domestique de gaz qui s’établit aujourd’hui autour de 40% de sa demande. La production gazière européenne ne dépasse pas en effet les 200 milliards de mètres cube par an, alors que la demande est de l’ordre de 500 milliards de mètres cube par an. L’an prochain, en 2010, l’Europe devra donc importer 50 à 60% de gaz. Le problème n’est pas donc pas celui de la demande mais des ressources. En effet, lorsque l’on regarde les ressources gazières des pays directement connectés à Nabucco, on constate que les réserves ne dépassent pas 10 000 milliards de mètres cube, ce qui représente environ 20 ans de la demande européenne (à 100%). Le gazoduc Nabucco, extrêmement capitalistique, a vocation quant à lui à être construit pour beaucoup plus de 50 ans ! Les promoteurs de Nabucco se sont donc rendu compte que celui-ci n’était tout simplement pas faisable aux bornes des seules ressources de la Caspienne.
Pour résumer la situation, vous avez donc cette énorme machine anti Gazprom, anti russe et anti iranienne, qui finalement ne pourra se faire sans les réserves en gaz de la Russie ni de l’Iran. Voilà une belle ruse de l’histoire ! Le président iranien Ahmadinejad doit bien voir que le projet qu’on est en train de faire contre lui, est un projet que ne peut se faire qu’avec lui.
Le gazoduc "South Stream", soutenu par le russe Gazprom et l’italien ENI, doit-il être considéré comme un projet concurrent de Nabucco ?
Le gazoduc South Stream dont le tracé passe par la mer Noire pour arriver en Bulgarie puis en Italie est en effet une idée des sociétés Gazprom et ENI et vise à expédier du gaz russe vers le Sud de l’Europe. Ce projet présente également quelques difficultés. Il faut tout d’abord signaler que South Stream a déjà un concurrent qui est le Blue Stream, également un projet de Gazprom, destiné à acheminer du gaz russe vers la Turquie. South Stream souffre ensuite d’un autre problème majeur qui est que Gazprom pourrait ne pas avoir les ressources financières nécessaires pour mener à bien ce projet, ni les capacités à lever de la dette et à honorer avec le seul italien ENI les engagements de décaissement pour son financement.
Economiquement, au moins autant que géopolitiquement, Nabucco est aussi en concurrence avec les nouveaux gazoducs russes. L’approvisionnement russe de l’Europe est aujourd’hui de 150 milliards de mètres cube par an sur une demande européenne totale d’un peu moins de 500 milliards de mètres cubes. Parmi ces 500 milliards, 200 proviennent de la production domestique de l’Europe, on l’a dit, avec ses anciens bassins sédimentaires que sont essentiellement la mer du Nord mais aussi l’off shore néerlandais ou la mer Adriatique ; 80 proviennent ensuite de Norvège, 60 d’Algérie et donc 150 de Russie. Comme la demande européenne va croitre d’ici 2020 de quelque 200 milliards de mètres cube, et que tout gaz marginal ne peut aujourd’hui venir que de Russie (l’alternative que constitue le Gaz Naturel Liquéfié suppose le développement long d’une logistique encore plus capitalistique) , il y a donc une place très importante pour du gaz russe nouveau. Or avec le réseau de grands gazoducs existants, la Russie dispose d’une autoroute pour son gaz. Tout gaz russe nouveau ira prioritairement dans l’infrastructure existante, (sous réserve de capacité disponible) donc vers l’Europe. Pourquoi ? parce que le gaz russe est, avec le gaz algérien, la source de gaz marginal pour l’Europe la mieux placée dans l’ordre de préséance économique, (c’est-à-dire le plus compétitif) sur la base de son coût marginal par rapport aux autres sources de gaz. Tout besoin de gaz nouveau commencera donc d’abord par chercher des quantités disponibles d’origine russe ou algérienne.
Le gazoduc South Stream est l’un des premiers projets menacés par les difficultés de Gazprom à lever de la dette. Gazprom ne pourra pas assumer financièrement l’ensemble des projets dans lesquels il est impliqué ; à savoir à la fois un important programme de financement en exploration-production sur l’amont de ses champs pour produire du gaz nouveau, la participation au Nord Stream et au South Stream, l’extension des capacités des gazoducs existants à destination de l’Europe, les extensions, en Extrême-Orient, de l’usine de liquéfaction de Sakhaline, le financement de l’énorme gazoduc de Sibérie orientale à destination de la Chine, ou encore le développement avec Total du gros champ de gaz Shtockman, situé dans la mer de Barents. Tout ceci est beaucoup trop. Enfin, si l’on prend le cas du Nord Stream (qui passe en mer Baltique par les eaux territoriales de différents pays de l’Union européenne dont les Etats baltes, la Suède ou la Finlande), il est non seulement menacé par ces questions de financement mais également par une querelle entre l’Europe et la Russie à propos de la réalisation de l’étude d’impact environnemental. L’Europe a demandé que celle-ci soit diligentée dans un cadre législatif et légal européen, ce à quoi s’oppose la Russie.
L’amélioration des interconnexions entre pays européens pour renforcer la sécurité de l’approvisionnement gazier des pays d’Europe centrale et orientale ne doit elle figurer parmi les principales leçons à tirer de la crise du gaz russo-ukrainienne ?
L’Europe manque en effet d’interconnexions gazières comme elle manque d’interconnexions électriques. Pour le moment, l’Europe est à elle-même son pire ennemi : elle fait de grandes envolées sur un marché unique de l’énergie, appelle de ses vœux une sorte d’"open field" de l’énergie au sein des 27, mais à l’heure actuelle, l’ "open field" ressemble davantage à un pays de bocage ! Le marché européen constitue dans ce domaine une multiplicité de barrières et de frontières, avec des congestions quasi permanentes des capacités de transport. Il ya de gros besoins d’interconnexions, mais aussi de stockage, ce qui permettrait pour chacun des pays de l’Union d’avoir les capacités d’emmagasiner du gaz lorsque le prix est bon marché et de le remettre sur le marché lorsque les prix augmentent. Il s’agit ainsi d’éviter des phénomènes de bulles et d’explosion des prix qui sont autant de flans ouverts pour des phénomènes spéculatifs.
La réalisation d’un "marché unique européen de gaz" serait-il donc un horizon très lointain ?
Il faut tout d’abord noter qu’il y a toujours eu, historiquement et encore aujourd’hui pour une large partie, deux marchés du gaz en Europe. Le premier est le marché de l’Europe continentale où les approvisionnements gaziers sont à 90% des contrats long terme ; c’est à dire des fournitures gazières calées sur une formule de prix prévoyant que le gaz est vendu sur la base de prix de produits pétroliers,(gasoil et fuel oil) cotés en dollar par tonne équivalent pétrole en référence au marché de Rotterdam. Cela signifie schématiquement que dès lors que vous achetez ou consommez du gaz en Europe – que vous soyez Gaz de France, Eni ou un particulier - vous achetez à la fois du dollar, une marge de raffinage et du pétrole, à savoir trois risques financiers qui n’ont à peu près rien à voir avec le marché final du gaz, qui est de plus en plus l’électricité.
Le deuxième marché gazier, historiquement le premier, est celui de la Grande-Bretagne. Ce marché a toujours été extrêmement diversifié avec plusieurs producteurs, plusieurs acheteurs (électriciens, pétrochimistes, industriels, résidentiels et tertiaires,…), des sources de gaz différentes avec une infrastructure gazière qui appartenait à l’ancien British gaz ou à des pétroliers. Par opposition avec le reste de l’Europe, il y avait donc en Grande Bretagne toutes les conditions réunies pour qu’un véritable marché émerge, à savoir plusieurs offres et plusieurs demandes. Compte tenu de cette situation, coexistent en Europe deux mécanismes radicalement différents de formation des prix, avec un marché britannique où émerge un prix du gaz, et un marché continental européen où le prix du gaz reflète la référence pétrole des contrats long terme. Cette absence de prix de référence constitue une première raison à la difficile réalisation d’un marché européen du gaz.
La deuxième raison réside dans l’extraordinaire disparité de modes d’opération ou d’infrastructures de transport au sein du marché européen. Au début des années 2000, l’Union européenne a organisé la libéralisation du secteur gazier, à travers notamment des directives européennes portant sur la déréglementation, la séparation légale comptable et managériale entre les producteurs, commercialisateurs de gaz et les gestionnaires d’infrastructures de transport et de distribution. Vous avez donc un secteur déréglementé qui est celui des fournisseurs et des acheteurs, mais un marché où les obstacles restent très nombreux. Un producteur de gaz britannique en mer du Nord qui voudrait vendre du gaz en Allemagne, dans les pays du Benelux, en France ou en Autriche se trouve à tout moment confronté à toutes sortes d’ obstacles : unités énergétiques différentes d’un pays à l’autre, qualités de gaz différentes – posant des problèmes d’ajustement selon les réseaux - , de systèmes d’accès au réseau différents et de modes d’allocation de capacités de transport différents ou encore de régimes fiscaux du gaz différents. C’est un véritable cauchemar ! A cela il faut rappeler l’état de congestion quasi permanent des gazoducs qui restent réglementés.
Dans le cadre des négociations sur le renouvellement de l’accord de partenariat et de coopération entre l’UE et la Russie, de quels moyens dispose l’Union européenne pour s’assurer de la fiabilité du partenaire russe en matière énergétique ?
Lorsqu’on regarde l’historique de l’exécution des contrats gaziers sur les 50 dernières années, on est obligé de constater que la Russie constitue un partenaire dont la fiabilité ne peut être mise en doute. Je ne parle pas des relations avec l’Ukraine ou la Géorgie, mais vis-à-vis de l’Europe, la Russie a toujours été un fournisseur de gaz absolument indéfectible, fût-ce aux moments les plus critiques de la guerre froide. La Russie a toujours honoré ses contrats et a toujours eu les ressources et la logistique gazière au moment où il le fallait. On peut certainement reprocher des choses à la Russie, mais pas cela.
En revanche, la Russie continue à recourir à la pratique absolument délétère que l’on appelle le "torchage" du gaz, qui consiste à brûler les excédents de gaz dont la réinjection n’est pas possible à un temps t de la production car les tuyaux sont pleins, alors que dans le même temps ses productions sont dangereusement déclinantes. Cela s’élève à 50 à 80 milliards de mètres cubes par an, ce qui pour vous donner un ordre de grandeur, représente 10 à 15% de la demande des 27. Cette question, dont les enjeux sont énergétiques mais aussi environnementaux, du fait de l’importante quantité de CO2 rejetée dans l’air par cette pratique, me semble d’une importance cruciale dans le cadre des négociations partenariales entre l’UE et Moscou. Or aucune autorité européenne ni aucun Etat ne l’a jusqu’à présent soulevée et personne ne cherche à imposer à la Russie un partenariat durable. Dans ce sens je trouve que l’Europe ne s’illustre pas par une très grande finesse dans les négociations.
En avril dernier, le Président russe, Dimitri Medvedev, a lancé l’idée d’une nouvelle charte mondiale de l‘énergie, en remplacement du traité sur la Charte de l’énergie que Moscou refuse toujours de ratifier. Quels sont les enjeux de cette négociation entre l’UE et la Russie autour de la Charte de l’énergie ?
Dans le cadre de la négociation sur la Charte de l’énergie, on a demandé à la Russie d’accorder à l’Europe des garanties absolument inacceptables de son point de vue, qui impliquaient de renoncer à des avantages souverains. Trois points épineux ont torpillé la Charte. On a tout d’abord demandé à la Russie d’appliquer le "protocole transit" et de s’engager à ouvrir son réseau de gazoducs, ses infrastructures domestiques aux tiers et notamment aux acheteurs européens. Cela revenait donc à exiger de la Russie qu’elle s’ouvre entièrement sa logistique gazière aux allers et venues des transactions européennes, et devienne en quelque sorte une simple zone de transit, ce que bien entendu la Russie, où les gazoducs sont le monopole de Gazprom, ne pouvait que refuser. La Russie devait ensuite accepter que les étrangers investissent librement sur son sol, alors que dans le même temps on refuse à Gazprom le droit d’acheter des sociétés de distribution de gaz et d’électricité en Europe. On lui imposait enfin des restrictions significatives sur l’enrichissement de l’uranium, alors que la Russie est un acteur mondial dans le domaine du nucléaire civil et militaire.
Les Européens n’ont par ailleurs pas su faire porter les négociations sur les points les plus critiques de leur point de vue, à savoir : le renoncement au torchage (voir plus haut), qui libèrerait 20% d’importations supplémentaires de gaz russe ; et des exigences en matière de développement durable, liées notamment au projet de captage et de séquestration du carbone (Carbon capture and storage (CCS), des objectifs d’augmentation de l’efficacité énergétique, notamment dans la génération électrique. Ces points devraient être à la base d’un nouvel accord énergétique entre l’UE et la Russie et les Européens auraient tort de se focaliser uniquement sur le gaz russe.
Dans quelle situation se trouve le géant russe Gazprom qui a subi de plein fouet la crise financière et économique qui a frappé durement la Russie. Quelles peuvent être les conséquences de cette situation ?
Comme toutes les compagnies gazières ou pétrolières nationales (les National Oil Companies (NOC), par opposition aux International Oil Companies (IOC)) Gazprom a vu sa capitalisation boursière et ses revenus s’effondrer du fait de la crise, de la chute du cours du pétrole et de la réduction de la demande. Par ailleurs, ses revenus domestiques en rouble sont faibles et ne reflètent pas le produit de ses ventes domestiques car la compagnie a beaucoup de mal à se faire payer. La conjonction de ces deux phénomènes explique que Gazprom ait eu très tôt à donner une alerte sur le service de sa dette.
Ce qui a aggravé cette situation c’est qu’au cours de l’année 2007-2008, Gazprom s’est positionné en tête des compagnies nationales en matière d’investissement, lesquels ont augmenté de 70% par rapport à l’année précédente. Lorsque votre budget est basé sur un environnement pétrolier à 150 dollars le baril et que l’on passe à 32 dollars, le risque de faillite est très élevé. Gazprom doit par ailleurs, comme le reste de la profession pétrolière, faire face de plus en plus au vieillissement de ses champs de production en amont, qui sont affecté par un taux de déclin beaucoup plus important que prévu, ce qui exige que Gazprom investisse davantage pour une production égale voire inférieure. L’enjeu est important pour la Russie. On l’a vu, il y a aujourd’hui essentiellement deux sources de "nouveau" gaz pour l’Europe : la Russie et l’Iran. L’investissement étranger direct (en dollars) en Iran est fortement contraint aujourd’hui par la législation américaine. Cet état de fait profite à la Russie qui peut "faire passer" son gaz avant celui de l’Iran. En revanche, si l’Iran décide de s’ouvrir à des compagnies pétrolières étrangères ou de développer lui-même sa propre logistique à destination de l’Europe, le gaz russe sera concurrencé.
L’autre facteur qui entre en compte dans les prévisions de Gazprom est que l’Extrême-Orient ne s’annonce pas aussi prometteur que prévu. Si la Chine achète du gaz russe cela ne représenterait pas plus de 50 à 80 milliards de mètres cubes, ce qui comparé aux 150 mètres cube de l’Europe est relativement peu. L’Europe reste donc encore pour de nombreuses années le marché prioritaire de Gazprom pour son gaz et son pétrole, c’est pourquoi je ne pense pas que la compagnie se mette dans une situation de confrontation vis-à-vis de l’Europe. Enfin, acheteur quasi unique de gaz et de pétrole russe en monnaie internationale (€) et finalement partenaire commercial essentiel, l’Union européenne se trouve en position de force face à la Russie. Les Européens n’ont malheureusement jamais compris cet état de fait et restent dans une logique de Guerre froide où ils craignent la Russie.
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