Le Cercle des Européens...
Pour une Europe réunie...
Cercle des Européens: Que représente l'adhésion à l'Union européenne pour la Croatie ?
S.E.M. Mirko Galić: C'est la réalisation d'une rêe. Les citoyens de la Croatie ont rêvé longtemps de ce retour en Europe. Je dis "retour" pas de l'entrée car les Croates se sentent comme un peuple européen. C'est notre histoire, notre civilisation, notre tradition, notre esprit et ce sont aussi nos intérêts. L'Europe est l'union de la paix. Pour un pays qui a connu la guerre encore récemment, c'est la valeur la plus importante. Cette adhésion représente aussi la liberté, la démocratie, le pluralisme, les droits de l'homme. Ce sont des valeurs également très importantes pour la Croatie. Et puis l'Europe est aussi le continent le plus développé du monde. Notre pays doit participer à cette aventure d'unification pour que cela soit un continent de la paix, prospérité, de liberté, de réussite.
Cercle des Européens: Comment avez-vous vécu les négociations pour l'adhésion ?
S.E.M. Mirko Galić: La Croatie a négocié six ans. Ce sont les négociations les plus longues pour un pays de l'Union. Elles ont été difficiles et sévères car nous avons du compléter certains chapîtres qu'aucun pays avant nous n'avait à remplir: les droits de l'homme, la justice, la concurrence intérieure. Ce fut long mais nous nous sentons prêts à entrer dans l'Union. Nous avons réformé notre Etat, notre économie vers l'économie de marché, nous avons modernisé et harmonisé notre société. Nos relations avec les pays voisins de l'ancienne Yougoslavie sont normalisées et nos différentes communautés réconciliées, notamments entre Croates et Serbes. Ces avancées sont très importantes. Nous sommes prêts à entrer le 1er juillet 2013, c'est-à-dire dans quelques mois.
Cercle des Européens: Souhaitez-vous que tous les pays de l'ex-Yougoslavie rejoignent un jour l'Union européenne ?
S.E.M. Mirko Galić: Nos problèmes frontaliers avec la Slovénie sont réglés. Nous sommes très contents de sortir de ce blocage. C'était un petit problème aux grands effets. Finalement, nous nous sommes mis d'accord pour soumettre ce problème à la commission d'arbitrage international.
Concernant les autres pays, nous avons aussi quelques problèmes frontaliers avec la Bosnie-Herzégovine et avec la Serbie. Concernant le Monténégro, nous nous sommes mis d'accord pour soumettre cette question à la cour internationale de la justice. Ce ne sera pas un prétexte pour la Croatie pour bloquer ni les négociations ni l'adhésion à l'Union européenne de ces pays. Nous soutenons vraiment sincèrement la perspective européenne des pays voisins de l'ancienne Yougoslavie. C'est l'intérêt de ces peuples, de ces pays, mais c'est aussi notre intérêt que cette région soit européanisée, qu'elle soit une région de la paix, de prospérité, de bons voisinnages et pourquoi pas de l'amitié.
Cercle des Européens: La crise actuelle de l'Europe inquiète-t-elle en Croatie ?
S.E.M. Mirko Galić: Oui, parce que c'est peut-être la plus grave depuis la création de l'Union européenne. L'esprit croate est un esprit européen. Pour nous, il ne s'agit pas seulement d'un marché ou ou de politiques. Il s'agit aussi d'un espace culturel, de civilisation. Nous croyons à l'avenir européen de la Croatie et des autres peuples européens. Comme disait l'un des fondateurs de la construction européenne, Jean Monnet, l'Europe se fera de crises en crises et l'Europe unifiée sera la somme de toutes les solutions trouvées. Cela nous inspire un certain optimisme malgré la grave crise traversée par l'Europe aujourd'hui.
Cercle des Européens: Que répondez-vous à ceux qui en France demandent à sortir de l'Euro ?
S.E.M. Mirko Galić: Franchement, je suis triste quand j'entends quelqu'un dire qu'il faut sortir de l'Europe et arrêter cette aventure de l'Euro... mais quelle est l'alternance ? Le monde est globalisé, avec plusieurs grands pôles: les Etats-Unis, la Chine, l'Inde, la Russie, le Brésil. Ces grands pays seront demain les grandes forces de ce monde. L'Europe unifiée peut être le pôle le plus fort économiquement. Chaque pays en Europe (y compris la France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne) n'est pas suffisamment fort pour concurrencer ces aures grands pays. Cela veut dire que nous devons surmonter ces obstacles, trouver la solution pour que l'Europe unifiée soit le continent le plus fort dans le monde où nous vivons aujourd'hui et demain.
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