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Entretien du 16-11-2011
Simon Sutour
Sénateur français

Le grand retour des stéréotypes nationaux en Europe

 Cercle des Européens: Vous êtes devenu au moment du changement de majorité au Sénat le président de la "Commission des affaires européennes". En quoi cette charge consiste-t-elle ? Quel est le rôle de cette commission ?

Simon Sutour: Le président organise les travaux de la commission, en dirige les débats, et en conduit les relations extérieures. Cette fonction implique des rencontres avec les homologues des parlements d’autres pays membres et au Parlement européen, ainsi que des rencontres avec des ambassadeurs des pays membres et des responsables européens.

La commission des affaires européennes anime le contrôle sur la politique européenne du gouvernement, entretient un dialogue avec la Commission européenne et contribue au contrôle de subsidiarité mis en place par le traité de Lisbonne. Elle participe aux relations interparlementaires.

Cercle des Européens: Quels sont les grands dossiers qui vont être prochainement l’objet d’étude de votre commission ?

Simon Sutour: Les questions à l’ordre du jour de notre commission sont d’abord naturellement les problèmes d’actualité : situation de la zone euro, futur cadre financier de l’Union, avenir de la politique de cohésion et de la PAC, élargissement de l’Union. Par ailleurs, la commission examine systématiquement les propositions d’actes de l’Union européenne, de manière à ce que le Sénat puisse intervenir en amont.

Cercle des Européens: En tant que membre du groupe interparlementaire d’amitié France-Grèce, comment ressentez-vous ce qu’il se passe dans ce pays ?

Simon Sutour: On a entendu sur la Grèce des jugements sans appel qui, à mon avis, ne devraient plus avoir cours entre Européens. C’est le grand retour des stéréotypes nationaux. Je ne dis pas que la Grèce n’est pas responsable de l’accumulation de sa dette. Mais il ne faut pas nier les efforts considérables qu’elle est en train de consentir, même s’il y a des retards dans la mise en œuvre de certaines mesures.

Je crois donc que ce n’est pas le moment de diffuser la méfiance envers la Grèce en cultivant certains clichés. Il faut au contraire conforter l’ancrage européen de la Grèce, afin de lui donner des perspectives au-delà des graves difficultés du présent.

Cercle des Européens: Estimez-vous que la classe politique propose les bonnes réponses à la crise? Qu’avez vous pensé de l’épisode du référendum sur l’accord européen d’aide à la Grèce ?

Simon Sutour: Je crois que nous devons juger les derniers événements en Grèce avec un peu de recul. Le point important est le mouvement vers un gouvernement d’union, qui durera peut-être plus longtemps que prévu. C’était une difficulté majeure pour la Grèce que le plan européen et les réformes afférentes ne soient pas assumés par toutes les forces politiques de gouvernement. Malgré l’insistance du PPE (ndlr: principal parti de droite au Parlement européen), la Nouvelle Démocratie refusait d’accepter les demandes de la "troïka". Le sacrifice de Georges Papandreou a ouvert la perspective d’une large union.

Je crois que G.Papandreou avait senti que l’ampleur des efforts demandés à la population appelait un surcroît de légitimité de l’autorité politique, qui pouvait être obtenu par plusieurs voies. L’annonce du référendum a placé chacun devant ses responsabilités et a permis un déblocage.

Cercle des Européens: En deux ans, une quinzaine de sommets européens n’ont pas permis à l’Union européenne de sortir de la crise. Quels changements doit apporter l’Europe à son mode de fonctionnement?

Simon Sutour: D’abord, ne croyons pas qu’une crise de l’importance de celle que nous traversons puisse être résolue par la seule magie d’une réponse institutionnelle. Les Etats-Unis n’ont pas les problèmes institutionnels de l’Europe et peinent eux aussi à sortir de la crise. La crise des dettes souveraines demande d’abord un assainissement des finances des Etats membres, qu’il faut compléter par une relance menée à l’échelon européen, alimentée par de nouvelles ressources propres de l’Union.

En termes de fonctionnement, la priorité doit être de renforcer la gouvernance de la zone euro, en procédant pragmatiquement, au moins dans un premier temps, car la procédure de révision des traités est longue et aléatoire. Certains pas en avant ont été faits avec le "semestre européen" et l’adoption du "paquet gouvernance" ; d’autres doivent suivre, notamment le renforcement des sommets de la zone euro, auxquels il faudrait mieux associer les parlements.


 

Informations sur Simon Sutour
Simon Sutour est sénateur socialiste depuis 1998. Très attaché à sa ville de Nîmes, il a d'abord été fonctionnaire territorial avant de se lancer dans la politique. Il a occupé plusieurs fonctions au sein du Sénat où il s'est distingué sur les questions européennes et agricoles. Ce membre du courant Socialisme et Démocratie (réformistes) est devenu président de la commission des affaires européennes du Sénat à la faveur du changement de majorité qui a eu lieu en 2011. Il est également Chevalier dans l'ordre de la Légion d'honneur.

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