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Entretien du 21-11-2011
Robert Madelin
Directeur général DG Connect - Commission européenne

Donner à tout citoyen européen l'accès au haut débit d'ici à 2013

 Cercle des Européens: Dans la Stratégie de Lisbonne, l'objectif principal était de transformer l'Union européenne en "économie de la connaissance la plus compétitive au monde". Quels sont les résultats de cet investissement ? Qu'est-ce qui n'a pas fonctionné ?

Robert Madelin: Sans aucun doute les efforts concertés dans le cadre de la stratégie de Lisbonne ont soutenu le développement économique et social en Europe. La stratégie "i2010" visait à renforcer la position dominante de l’Europe dans le domaine des TIC et à exploiter les atouts de la société de l’information pour la croissance et l’emploi. Parmi les changements concrets on peut notamment relever que depuis 2005, 56 % des Européens utilisent l’internet de façon régulière, et 80 % d’entre eux le font via une connexion haut débit (contre seulement un tiers en 2004). Cela, fait de l’Europe le numéro un mondial de l’internet à haut débit.

Cependant, la crise économique mondiale a démontré le besoin d'intensifier nos efforts. l'Agenda Numérique européen prévoit d’éliminer les obstacles qui empêchent d’exploiter le potentiel des TIC par des investissements à long terme.

L’Europe doit créer un cercle vertueux pour permettre aux TIC de dynamiser l’économie. Pour cela il faut que des services attractifs soient proposés dans un environnement en ligne sans frontières afin que leur disponibilité et leur utilisation créent une demande d’accès à internet plus rapide. Cette demande offre à son tour des possibilités d’investissement dans des réseaux encore plus rapides qui, lorsqu’ils sont mis en place et utilisés à grande échelle, ouvrent la voie à des services plus innovants.

Cercle des Européens: La Commission européenne a l'air de favoriser le choix pour de la fibre optique en Europe. Quel est l'enjeu pour notre continent et pourquoi privilégier cette technologie ?

Robert Madelin: La Commission européenne est en faveur de toute technologie pouvant nous aider à réaliser les objectifs de l'Agenda Numérique. Notre but est de donner à tout citoyen européen l'accès au haut débit de base d'ici à 2013 et au haut débit rapide et ultrarapide d'ici à 2020. Les technologies telles que le haut débit sans fil, le haut débit mobile, la fibre optique, les technologies satellitaires y contribuent toutes. La Commission, la prospérité et le bien-être de l'Europe passent nécessairement par le très haut débit. L'avenir du monde est numérique. Par exemple, au Japon, 12% des citoyens, des consommateurs et des entreprises ont accès à un haut débit de fibre optique ultra rapide. En Corée ce chiffre atteint même 15%. L'Europe doit impérativement miser sur le développement de son infrastructure si elle veut rester compétitive sur la scène mondiale.

Cependant l'Europe subit des problèmes dans le déploiement du haut débit. Il s'agit principalement du manque d'investissements, des problèmes d'accès au financement et du manque d'incitants financiers dans les régions moins peuplées. Nous avons abordé ces défis dans le cadre du "Mécanisme pour l'interconnexion en Europe", lequel propose d'octroyer au moins 7 milliards € pour soutenir les investissements dans les réseaux à haut débit. Ce mécanisme attirera entre 50 et 100 milliards € de fonds privés et publics, ce qui représente une proportion importante des 270 milliards € nécessaires pour atteindre les objectifs de la Stratégie Numérique en matière des réseaux à haut débit.

Cercle des Européens: Dans le cadre de ses diverses réglementations, la Commission semble avoir comme but principal la baisse des prix pour le consommateur. Or, les champions mondiaux et globaux sont aujourd'hui surtout non-européens. Ne leur donne-t-on pas un avantage par rapport à nos entreprises européennes de plus petites tailles et qui ne peuvent pas baisser leur prix de la même façon à moins de délocaliser ?

Robert Madelin: La réduction des coûts est un facteur de choix important pour les consommateurs et est repris dans plusieurs politiques européennes. Notre objectif n'est pas la réduction des prix, mais plutôt l'amélioration de l'offre et sa compétitivité. L'Europe s'est récemment dotée d'un plan d'action pour la croissance et l'emploi.

Ce sont plutôt l'innovation, l'économie numérique et l'évolution des pratiques d'entreprise qui peuvent revigorer la croissance de l'Europe. Il reste certains cas flagrants où la dynamique de marché et la concurrence ne fonctionnent pas entièrement et où la réduction des prix reste un objectif. Par exemple, le coût du travail n'a aucun rôle ni aucun effet sur les prix de l'itinérance pour les services de données mobiles

Cercle des Européens: Sur la question de la cybercriminalité, est-on suffisamment armé en Europe ? 

Robert Madelin: Les infrastructures et services des technologies d'information et de communication en général et l'Internet en particulier sont devenus incontournables pour le bon fonctionnement de notre économie, notre approvisionnement d'énergie, nos marchés financiers et notre sécurité. Par ailleurs, la nature des menaces s'est transformée et le nombre et la gravité des attaques ont augmenté. Mis à part les réseaux, des entreprises ont aussi souffert d'attaques virtuelles ces dernières années. La société est de plus en plus interconnectée et les menaces peuvent surgir de partout et affecter n'importe quel endroit du monde. Des mesures nationales ne suffisent plus et une nouvelle approche est indispensable, tant pour l'UE que pour les Etats Membres. C'est pour cela que la Commission est en train de travailler à une initiative ambitieuse et stratégique qui traite de la sécurité d'Internet à l'échelle européenne, et qui vise à mettre en place, d'ici à 2015, une ligne de défense vigoureuse contre les cyber-attaques et perturbations virtuelles dans l'UE. Par ailleurs, la nécessité d'un engagement mondial et d'une meilleure coopération internationale seront soulignés par cette initiative.

Cercle des Européens: La Commission européenne peut-elle légiférer comme elle l'entend en la matière ? Quels sont les freins à une réglementation en la matière qui soit efficace sur tout le territoire européen? 

Robert Madelin: Bien qu'il n'existe pas encore de définition officielle de ce qu'est la cyber-sécurité, ce terme recouvre plusieurs aspects importants tels que la sécurité nationale, la défense et les renseignements. Dans l'UE ces matières relèvent de la responsabilité des Etats Membres; par conséquent la Commission joue à l'heure actuelle un rôle limité dans ces questions.

L'assurance d'un haut niveau de cyber-sécurité est, en même temps, un aspect important dans le fonctionnement du marché interne. Le fait que l'UE soit chargée de la matière concernant le marché intérieur lui donne la possibilité de proposer des mesures législatives liées à la prévention des cyber-attaques et à la protection contre ces menaces virtuelles. Par exemple, l'UE a fondé l'Agence européenne chargée de la sécurité des réseaux et de l'information (ENISA). Elle a aussi introduit des prescriptions concernant la notification des violations des données à caractère personnel dans le cadre de la nouvelle règlementation de l'UE sur les communications.

Il faut remarquer que la législation ne peut être considérée comme une solution à tous les problèmes. Le secteur privé, tout comme le public, jouent un rôle important dans la cyber-sécurité et la coopération entre eux est une nécessité incontournable. Une telle coopération est fondée sur la confiance, qui, à son tour ne peut pas être imposée. C'est pour cela qu'il est nécessaire de la construire à travers des mécanismes de coopération volontaire parmi les Etats Membres et le secteur privé.  


 

Informations sur Robert Madelin
Robert Madelin est la quintescence du haut fonctionnaire européen. Actuellement Directeur générale de la DG "Société de l’information" de la Commission européenne, il a occupé divers postes prestigieux depuis son entrée à la Commission en 1993: Directeur Général de la Santé et des Politiques de consommation de 2004 à 2010, il avait été auparavant Directeur à la DG Commerce, et encore avant membre du cabinet de Sir Leon Brittan alors emblémantique Commissaire chargé de la concurrence et vice-président de l'exécutif européen. Robert Madelin a fait ses études en Angleterre à la Royal Grammar School, puis à Oxford. Mais il est aussi un ancien élève de l'Ecole Nationale d'Administration à titre étranger. C'est de cette époque qu'il a gardé une maîtrise parfaite de la langue.

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