Le Cercle des Européens...
Pour une Europe réunie...
Cercle des Européens: Quel regard porte la Bulgarie sur la crise vécue actuellement par l'Union européenne ?
S.E.M. Raykov: La période que nous vivons est assez importante. Nous devons faire face avant tout à une crise de confiance par rapport à l'euro. Cela implique non seulement des Dix-Sept mais aussi les Vingt-Sept. Nous devons répondre aux attentes des citoyens européens. La compétitivité de la zone européenne passe par une stabilité de l'euro.
La crise de la dette a eu pour effet de mettre en question certains comportements dans le domaine budgétaire. Il est clair que nous avons à faire des efforts ensemble. Le problème aujourd'hui n'est pas celui des dettes grecques, italiennes ou espagnoles, il s'agit de trouver un moyen de nous retrouver dans les exigences de Maastricht et de voir comment établir un mécanisme permettant la ré-instauration de la discipline budgétaire. Cela nous donnerait une perspective beaucoup plus positive concernant le développement des économies européennes.
Cercle des Européens: Comment est perçu le débat sur l'équilibre budgétaire des Etats par votre gouvernement ?
S.E.M. Raykov: J'aimerais souligner les efforts réalisés par le gouvernement bulgare ces dernières années dans le domaine de la discipline budgétaire. Nous faisons partie des pays européens, et ils n'y en a pas beaucoup, s'étant appliqués à respecter cette discipline. Aujourd'hui, nous avons un déficit budgétaire ne dépassant pratiquement pas les 3%. La dette publique reste dans la limite des 16-17% du PIB. Nous avons évidemment des problèmes et des efforts à faire pour mettre l'économie bulgare au niveau de l'économie européenne mais la discipline budgétaire a été un principe fondamental de notre gouvernement depuis la crise de 2008.
Cette crise a été vécue péniblement par la société bulgare mais elle a eu pour effet positif de convaincre l'ensemble des acteurs qu'il y avait des sacrifices à faire. Aujourd'hui, nous avons payé un prix social important mais nous sommes à un niveau de stabilité quant à la politique financière du pays qui nous rend plutôt optimiste.
Cercle des Européens: Où en est-on du processus d'adhésion de votre pays à l'espace Schengen ?
S.E.M. Raykov: La grande majorité des pays-membres nous ont soutenu dans nos efforts. La formule à laquelle nous sommes arrivés pour assurer l'adhésion courant 2012 de la Roumanie et de la Bulgarie nous rend très optimiste. Probablement au mois de mars, notre pays adhérera à l'espace aérien et maritime, même si nous devons attendre plusieurs mois (jusqu'à la fin de l'été) pour adhérer à l'espace terrestre.
Il n'y a qu'un pays qui continue à garder une opinion défavorable à notre adhésion pour des raisons de politiques nationales. Ce sont nos amis néerlandais qui ont encore certains doutes. J'espère que nous pourrons prochainement venir à bout de ces hésitations. Je suis convaincu qu'en 2012, la Bulgarie fera partie de Schengen.
Cercle des Européens: La Bulgarie a intégré l'Union européenne en 2007. Le bilan est-il positif ?
S.E.M. Raykov: C'est une question logique et simple mais la réponse est difficile. Pour le Bulgare moyen, la réponse est positive. Le fait même que nous soyons parmi les pays européens sans euroscepticisme prononcé prouve que la société bulgare reconnait dans cette adhésion la réalisation d'une identité européenne de la population. Celle-ci a tout fait pour être membre de cet espace politique et économique. L'économie bulgare a été fortement réformée avec un taux de criossance ces dernières années variant malgré la crise entre 6 et 2%. Nous sommes aujourd'hui une économie beaucoup plus compétitive qu'il y a vingt ans.
Une partie n'a pas vu un changement aussi radical que souhaité et il reste encore beaucoup d'efforts à faire. C'est un processus et dans les années à venir les choses vont changer... surtout si nous trouvons une solution aux problèmes actuels de compétitivité de l'économie européenne. Nous sommes en Bulgarie une économie partiellement de sous-traitance. Donc les problèmes rencontrés par la partie occidentale de notre famille européenne ont une influence sur notre économie également.
Cercle des européens: Comment jugez-vous les relations économiques entre la France et la Bulgarie ? Sont-elles suffisantes ?
S.E.M. Raykov: Sur le plan des échanges, il y a encore beaucoup à faire. Le potentiel économique de la France et de la Bulgarie exige qu'on soit de loin plus ambitieux. Nos échanges ne dépassent pas les un milliard d'euros par an, ce qui est symbolique pour deux pays membres de l'espace européen. Il est clair que les investissements français en Bulgarie sont très insuffisants: la France a investi sept fois moins que les pays-bas, six fois moins que l'Autriche. Ils sont inférieurs à ceux de l'Autriche et je ne parle pas de l'Alemagne et de la Grèce... D'importants efforts sont à fournir et nous sommes décidés à les réaliser.
Nous avons hérité de problèmes du passé avec une méconnaissance côté français des réalités politiques, économiques ou culturels de la Bulgarie. D'ailleurs, il est bien regrettable qu'il n'y ait pas plus 100.000 touristes français par an en Bulgarie. Si on a pas en tête d'image d'un pays, on n'y investit pas ensuite.
Cercle des Européens: En France, on parle de démondialisation, d'acheter français, de lutter contre les délocalisations...
S.E.M. Raykov: Pour moi, une délocalisation, c'est quand une entreprise part en dehors de l'Union européenne. Les investissements à l'intérieur de l'espace européen nous donnent une plus grande force et une plus grande compétitivité pour l'ensemble de nos pays. Par conséquent, cette lutte contre la "délocalisation" ne peut pas être traité comme un objectif absolu. Il est important d'arriver à un fort niveau d'intégration de l'espace économique européen. C'est le premier pas nous menant vers une plus grande compétitivité et vers la solution à nos problèmes liés à la concurrence des grandes économies dans le monde aujourd'hui.
Cercle des Européens: En tant qu'ambassadeur, quel regard portez-vous sur le Service Européen d'Action Extérieure de Mme Catherine Ashton ?
S.E.M. Raykov: J'estime que le service de Mme Ashton fait un travail formidable même s'il y a encore énormément à faire. Chacun de nos pays peut apporter beaucoup par l'expérience de son service diplomatique national. Le fait d'arriver à combiner toutes les expériences, les connaissances, les vecteurs de communication établis avec l'extérieur tout au long de ces années, nous aidera à être plus présent sur la scène internationale. Il est important d'avoir une plus grande visibiltié européenne dans des régions très sensibles, comme le Proche-Orient.
Les Bulgares est le dernier pays de l'Europe d'un point de vue géographique avec le Sud et l'Est. Nous avons donc des connaissances, des liens historiques avec certains de ces pays et nous sommes tout à fait disposés à les partager avec nos partenaires européens. Il est inconcevable que nous les Européens investissions sur le plan financier dans certaines régions et que dans le même temps nous soyons absents sur le plan politique.
Le Cercle des Européens...
Pour une Europe réunie...
Copyright © 2021-2025 Cercle des Européens | Tous droits réservés | Mentions légales | Politique de confidentialité | Réalisation inPhobulle